ZAC Aéroconstellation

Haute Garonne – 2002/2006

Les terrassements et le sol traité :

Toute le surface sombre a été décapée, terrassée et enfin traitée. Le traitement consiste à enlever la couche de dessus (35 cm d’épaisseur), puis la stocker pour la traiter à la chaux vive. Cela permet de neutraliser l’argile pour éviter par la suite qu’elle fixe l’eau et gonfle. Puis la couche du dessous (35 cm aussi) est traitée sur place à la chaux, puis au liant hydraulique routier (en majorité du ciment). Déposé directement sur le sol, 60 kg par m² de ce liant sont malaxés au terrain en place par pulvimixeurs de 400 CV, arrosés par enfouisseuse tractée, compactés, réglés avec niveleuse piloté par automate. Puis on recommence pour la deuxième couche . La résistance est 4 fois plus élevée que pour une chaussée traditionnelle de très haute qualité…….. un vrai « béton de sol » !

La galerie technique :

Le creusement de la galerie se fait sous protection de blindage coulissant. Les poteaux et les panneaux sont mis dans le sol. Puis le radier en béton est réalisé, le blindage servant de coffrage. Puis les cadres sont remontés (au centre) pour laisser la place au coffrage tunnel.

Pose des armatures, pose de la protection pour éviter que le béton fasse prise sur le blindage, le réglage du coffrage, le bétonnage, et 7 jours plus tard, le retrait des cadres+poteaux+ panneaux. Il reste alors l’étanchéité et le remblai à réaliser.

La galerie est ensuite remise aux équipementier qui pose le réseau d’eau surpressée sur des châssis réglés au millimètre;

Les réseaux (ici, eaux pluviales)

C’est le top ! Tout en fonte. Des éléments de 6 mètres, des joints spéciaux anti kérosène, une résistance au passage des avions à toute épreuve. Et une bonne partie fut enrobé totalement de béton car affleurant la chaussée. Les calages sur la photo empêchent la remontée des canalisations lors du remplissage béton car elles se soulèveraient !

Le plan de synthèse est tout simplement illisible pour les « non – initiés ». Plus de 20 Mo le fichier ! Sur ce plan apparaît les réseaux de la ZAC (AEP, INC, EP, EU, Telecom, Éclairage public), ceux des concessionnaires classiques (EDF, RTE, GDF, telecom extérieur), l’Eau Incendie Surpressée, les 20 KV, les fibres optiques et la galerie qui est aussi une sorte de « gros » réseau.

Les chaussées Avions (Taxiways) :

Sous le soleil, le reflet des tâches d’humidité sur le taxiway. Au centre, un caniveau à grille F900 spécial aéroport en béton de résine et renforcé tout autour par un U en béton armé de 1 mètre de large et 0,75 m de profondeur.

Les pentes sont très faibles; les avions tractés ne montent pas des pentes de plus de 1,5 % !

Enfin, entre le béton et l’enrobé, des joints spéciaux de dilatations sont mis en place après retaille et chanfrein par des machines spécifiques. Ainsi, pas d’arrachage de bords lors des multiples nettoyages haute pression

Le béton à plat des aires de stationnement :

Maintenant, les aires industrielles du côté d’Air France Industrie où stationnent les avions, sont en béton. En effet, les manoeuvres à basse vitesse sont redoutables pour le béton bitumineux chauffé par le soleil toulousain. Et sans parler de stationnement de plusieurs jours …

Dans ce cas là, le béton « à plat » est LA solution. Les dalles sont préfissurées, formant des carrés de 5m x5m. Dans le sens longitudinal, un joint sinusoïdal, dans le sens en travers, des goujons de 50 cm tous les 30 centimètres permettent de transférer l’effort d’un dalle à l’autre lors du passage des roues d’avions. Au fait, l’épaisseur de la dalle fait 30 cm et chaque dalle est numérotée pour le cas où un jour une d’entre elles fissurerait : rien ne ressemble plus à une dalle béton qu’à une autre dalle béton !

Les dix aires industrielles :

Ici, les 4 premières aires industrielles A16, A17, A18, A19 qui servent à tester les avions Airbus fabriqués dans l’Arche. Ces essais demandent un ensemble de réseaux enterrés très complexe. Tous ces croisements sont gérés par deux cellules de synthèse qui détectent les conflits (1 conflit = 1 croisement de réseaux). Des centaines de conduites se croisent dans du béton ou des caniveaux, vont de chambres de tirage à des niches remplies de prises électriques, air comprimé, Skydrol ®, air conditionné, air comprimé de gonflage, etc ….

Ensuite, il faut entre ces niches et chambres en béton réaliser la chaussée pour les plus de 500 tonnes de l’avion en réalisant une couche de grave ciment puis du béton à plat de 30 cm (en blanc sur la photo)

Au centre, les bâtiments où sont gérés les essais.

Les voiries de la ZAC :

Les voiries ont été réalisées au milieu de tous autres travaux ! Ce fut encore un autre défi de le faire au milieu du trafic incessant des industriels en pleine construction de leur bâtiment avec leur convoi exceptionnel des charpentes métalliques. Cornélien !

Pour diminuer le temps d’intervention, les solutions rapides ont été mise en oeuvre : graves bitumineuses à module élevée. Puis béton bitumineux semi-grenu dans la foulée, le tout en maintenant l’accès à chaque entrée de parcelle par des déviations ou bien les réaliser sous circulation. Et marquage au sol et signalisation verticale le lendemain pour ouvrir à la circulation le soir même !

Les caractéristiques principales :

La ZAC (zone d’aménagement concerté) aéroconstellation est une des plus vaste consacrée à l’Aéronautique. 2 km de long sur 1 km de large, occupée par AIRBUS (Construction des A380) et Air France Industrie (Maintenance des petits porteurs) principalement. Mais aussi, ELYO (centrale d’énergie en cogénération), EXXON (station carburant), STTS (peinture avions), 3 restaurants et d’autres industriels à venir.

L’ensemble des équipements communs sont aménagés par la CAGT (Communauté du Grand Toulouse) qui en a délégué la maîtrise d’Ouvrage à la SETOMIP.

Les travaux de la ZAC sont décomposés en plusieurs marchés :

N°1- Terrassement : 5 Km de taxiway et aires extérieures avec couche de forme très haute performance,

7 km de waterway (canaux secs), un canal paysager de 650 m de long, 11 Ha d’aires extérieures pour avions.

N°2- Galerie technique : 2500 ml de galerie technique à 5,5 m de profondeur, 8 siphons, 9 fosses à 8 mètres de profondeur pour le croisements des réseaux d’eau surchauffé (chauffage des bâtiments)

N°3 – réseaux enterrés : 78 km de conduites pour EP (Eaux pluviales), AEP (alimentation Eau Potable), INC (incendie), EU (eaux usées), Arrosage, 2,5 km de caniveau à fente, quelques dizaines de kilomètres de fourreaux électriques et télécoms, 3 stations de relevage des EU, une station pour le pompage dans le canal alimenté lui aussi par 3 puits de nappe(Arrosage)

N°4-1-chaussées taxiways : 160 000 tonnes de graves hydrauliques haute performance, sable enrobés de 2cm d’épaisseur anti fissure, 96 000 tonnes de grave bitume, 46 000 tonnes de béton bitumineux aéronautique, 2700 ml de caniveaux à grille F900, 30 000 m² d’accotements en enrobés.

N°4-2- aires avions AFI et lavage : 10 500 tonnes de grave hydrauliques hautes performance, 17 230 m² de béton en dalle de 5×5 mètres de côté.

N°4-3 chaussées du taxiway SIDMI : chaussées semi rigides vers la SIDMI

N°5- Aires industrielles : 10 aires de 1 Ha chacune, 14 400 tonnes de graves hydrauliques hautes performance, 64 700 m² de béton en dalle 5×5 mètres de côté, 150 chambres de tirage, 180 niches pour connecter les réseaux d’air comprimé, d’air conditionné, d’électricité 400 Hz et 60 Hz, d’eau incendie surpressée pour canons à mousse, 100 massifs pour ces canons à mousse et pour les mâts d’éclairage

N°6.1 et 6.2 – chaussées des voiries : 7 km de voirie, 5 km de bordures, 34 000 tonnes de graves hydrauliques et bitumes, 13 000 tonnes d’enrobés, signalisation verticale et horizontale, pistes cyclable et chemin de ronde.

N°7 – achats de végétaux : des Albizias, prés de 100 Séquoias de plus de 8 mètres et autres plantes … dans un espace engazonné et arrosé par gestion informatique, les aménagements du canal paysager, etc …

N°8 – aménagements paysager- clôture de hautes sécurité – travaux de parachèvement

N°9 – démolitions des installations du site

N°10, N°11, N°12 – Équipements de la galerie – Réseaux électriques, gaz, fibre optique

N°13 – Extension des réseaux zone Ouest

N°14 – Évacuation des déblais excédentaires :  mise en dépôt des terres excédentaires en aménagement paysagers

Délai : démarrage des travaux mars 2002 – Fin projetée avril 2005

Les sites qui en parlent :

agglomération Grand Toulouse : le dossier de notre client

Biblio :

Technips : dossier du maitre d’oeuvre de l’usine

www.bitume.info : un reportage sur les enrobés des taxiways, pages 4, 5 et 6

Revue Travaux N°824 : le projet complet de l’aéroconstellation

Revue Travaux N°805 : Le drainage de la galerie technique

Mes anecdotes :

Le passage de la remorque de portance du STBA qui teste à 30 tonnes le sol traité,a donné des résultats exceptionnels : 1 mm de tassement simulé après le passage de 10 000 avions et, ce avant la réalisation de la chaussée !!!! Oui, c’était possible de faire un sol traité à plus de 800 MPa en EV2 pour les connaisseurs ! Et nous avons remis cela avec une remorque poids lourd aménagée et lestée pour tester la grave hydraulique haute performance car celle de la première campagne n’a pas aimée la Corse … puisqu’elle s’est couchée dans un virage ( Ah, la farniente corse !!!). Merci au loueur de remorque remplaçante ;o)

La démolition du radar haut de 37 mètres par une pince hydraulique à 30 mètres de hauteur fut impressionnant de vitesse et d’efficacité. 30 min pour détruire le 1er quart tout en haut.

La pose de conduites diamètre 1200 x 6 mètres de longueur en fonte pour l’assainissement des eaux pluviales, un fait rare dans notre métier …

Le stationnement du Concorde sur le taxiway en attendant sa retraite dans le futur musée de l’aviation de Toulouse. Il a fallu vérifier que le finisseur puisse passer sous le nez du Concorde pour faire les enrobés !

Concorde attendant son dernier stationnement,,

Le passage du premier A380, un aboutissement ……  de 80 mètres d’envergure ! Nous n’avions pas anticipé autant de largeur : il a fallu démonter le mât qui permettait le changement de la pompe de relevage des eaux usées car celui-ci pouvait toucher le support moteur du quatrième moteur à gauche de l’avion ! De quoi justifier le proverbe bien connu : le diable se cache dans les détails …

Le tout premier A380 qui ne volera jamais car testé en traction extrême dans un hangar spécial

Enfin, et le plus important, une co-activité inimaginable, à perdre la raison ! Il a fallu tout faire en même temps, au même endroit, et avec des centaines de modification de dernières minutes en DEUX années seulement.